mardi 27 février 2018

FISCALITÉ DES CESSIONS DES PROFESSIONS LIBERALES


Le nouveau contexte fiscal des ventes de cabinets et officines
Toutes professions libérales 18/12/2017 

La loi de finances pour 2018 est actuellement en cours d’adoption par les assemblées parlementaires. Néanmoins, les travaux parlementaires sont suffisamment avancés pour commencer à évoquer le nouveau cadre fiscal dans lequel évolueront les professionnels libéraux à l’occasion de la cession de leur entreprise libérale en 2018.
Tout d’abord, rappelons qu’il existe, sur le plan fiscal, deux catégories de libéraux lors de la cession :
·       Ceux exerçant leur activité en nom propre (entreprise individuelle) ou dans le cadre d’une société soumise à l’impôt sur le revenu qui relèvent du régime des plus-values professionnelles ;
·       Ceux exerçant leur profession au sein d’une société soumise à l’impôt sur les bénéfices des sociétés qui sont soumis au régime des plus-values de cession de valeurs mobilières.
Le régime des plus-values professionnelles
Ce régime est peu modifié, seul le taux applicable aux plus-values dites à long terme (au-delà de 2 ans de détention) est ramené de 16% à 12,8 % afin que le taux global applicable en cas de cession soit globalement de 30% (17,2% au titre des prélèvements sociaux et 12,8% au titre de l’impôt sur le revenu).
Notons que les différents régimes d’exonération subsistent comme par exemple l’exonération d’IR applicable en cas de départ à la retraite. Néanmoins, l’avantage engendré par cette exonération se réduit dans la mesure où la plus-value réalisée reste soumise aux prélèvements sociaux dont le taux sera majoré à 17,2%.
Le régime des plus-values de cession de valeurs mobilières : instauration du PFU
A compter du 1er janvier 2018, le prélèvement forfaitaire unique s’appliquera à l’ensemble des revenus financiers et des plus-values de cession de valeurs mobilières.
Ce régime se caractérise par sa simplicité dans le sens où le taux d’imposition applicable à ces revenus sera globalement de 30 % (se décomposant en 12,8% d’impôt sur le revenu et 17,2 % au titre des prélèvements sociaux) en remplacement d’une imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu avec application d’un abattement dont le taux variait en fonction de la durée de détention des titres (cf. tableau 1 ci-après).
Néanmoins, il sera possible d’opter pour une imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu sans abattement ou de faire jouer une clause de sauvegarde pour les titres acquis avant le 1er janvier 2018 dans certains cas (cf. tableau 2 ci-après). Cependant, le choix du barème progressif est global et il s’appliquera à l’ensemble des revenus entrant dans le champ du PFU (dividendes, intérêts, plus-values…).
Comme on peut le constater, le choix à réaliser sera plus complexe et nécessitera une étude approfondie par le client et ses conseillers (avocat fiscaliste, expert-comptable…).
Régime applicable aux plus-values de cession de valeurs mobilières avant le 1er janvier
2018.

Abattement
Durée de détention
IR (TMI à 45%)
+ PS (à 17,2%)
Droit commun
- 2 ans
62,2%
de 2 à 8 ans
39,7%
+ 8 ans
35,2%
Incitatif dans 3 cas :
·       Cession intrafamiliale
·       Cession de titres de PME acquis dans les 10 ans de sa création 1
·       départ en retraite (abattement de 500 K€ puis abattement incitatif)
- 1 an
62,2 %
de 1 à 4 ans
39,7 %
de 4 à 8 ans
35,2 %
+ 8 ans
23,95 %

Régime applicable à compter du 1er janvier 2018 :

Choix
Taux IR + PS
Régime général
PFU
30%
Barème progressif de l’IR (pour l’ensemble des revenus dans le champ du PFU) sans abattement
Jusqu’à 62,2%
Retraite
Sous certaines conditions
Abattement de 500 K€ puis PFU
30%
Abattement de 500 K€ puis barème progressif de l’IR (pour l’ensemble des revenus dans le champ du PUF sans abattement)
Jusqu’à 62,2%
au-delà de l’abattement fixe
Si titres acquis avant le 1/1/2018 barème progressif de l’IR (pour l’ensemble des revenus dans le champ du PFU sans abattement) avec application de l’abattement de droit commun sur la PV allant jusqu’à 65% au-delà de 8 ans
Jusqu’à 35,2%
(si TMI à 45%)
Titres de PME acquis dans les 10 ans de sa création1
PFU
30 %
Barème progressif (pour l’ensemble des revenus dans le champ du PFU) mais application de l’abattement incitatif allant jusqu’à 85% au-delà de 8 ans de détention
Jusqu’à 24% au-delà de 8 ans de détention

1 A condition notamment que la société ait créé l’activité (contre-exemple, SEL de pharmacie ayant racheté un fonds préexistant).



LA FRANCE LEADER DANS LA TAXATION DES ENTREPRISES

Jusqu’où ira la sur taxation des entreprises françaises ?

62,2% : c’est le taux global moyen d’imposition d’une entreprise en France en 2016 d’après le rapport « Paying Taxes 2018 » du cabinet PwC. Ce taux exubérant est très nettement supérieur à celui de l’Allemagne (48,9%), du Royaume-Uni (30,7%, soit plus de 30 points d’écart) et du Danemark (24,2%, soit près de 40 points d’écart).
Comment expliquer une telle dérive fiscale ? Tout simplement par la multiplication progressive des prélèvements (impôts, taxes et cotisations) pesant sur les entreprises ainsi que par leur hausse corrélative.

L’impôt sur les sociétés et ses diverses contributions

C’est le premier type de prélèvement qui, selon Eurostat, a représenté 57,7 Md€ pour nos entreprises en 2015. Pour rappel, notre taux facial d’impôt sur les sociétés (taux avant l’application des niches fiscales) atteint 33,33% ; ce qui est, d’une part, le taux le plus élevé des pays de l’OCDE depuis la réforme fiscale de Donald Trump (le taux fédéral des États-Unis étant passé de 35% à 21% en 2018) et, d’autre part, un taux bien supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE, laquelle s’élève à 26,5% TTC (toutes taxes sur l’impôt sur les sociétés comprises) ; car on ne peut bien entendu pas parler de l’impôt sur les sociétés sans évoquer au passage son cortège de contributions « sociales », « exceptionnelles » et « additionnelles ».
À l’impôt sur les sociétés pouvaient ainsi s’ajouter en 2017 en fonction du chiffre d’affaires réalisé : la contribution sociale au taux de 3,3% ; la contribution exceptionnelle au taux de 15% et la contribution additionnelle à la contribution exceptionnelle au taux de 15% ; ce qui aboutissait pour les entreprises les mieux loties à un taux d’imposition supérieur à 44%, soit l’un des taux les plus élevés du monde.

Une kyrielle de taxes sur les facteurs de production

On n’en parle peu et pourtant… ces taxes méconnues du grand public coûtent cher, même très cher à nos entreprises ; d’autant plus que contrairement à l’impôt sur les sociétés, elles sont prélevées en toutes circonstances, y compris en l’absence de bénéfices ! Quelles sont-elles ?
Par ordre d’importance et sans souci d’exhaustivité, on citera la cotisation sur la valeur ajoutée (la fameuses CVAE qui a remplacé la défunte taxe professionnelle), la taxe sur les salaires, les taxes foncières, la cotisation foncière des entreprises (CFE), la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) le versement transport, la taxe formation, la taxe d’apprentissage, la taxe des chambres consulaires, etc.
Selon Eurostat, ces taxes se sont élevées pour nos entreprises à près de 100 Md€ en 2015 (soit 4,6% de notre PIB) ; ce qui fait de la France le deuxième pays de l’UE qui taxe le plus les facteurs de production.

Les cotisations patronales

Et (grosse) cerise sur gâteau, les cotisations patronales (pour l’assurance maladie, l’assurance vieillesse, l’allocation chômage et j’en passe) ont représenté 247, 8 Md€ pour nos entreprises en 2015 (soit 11,4% de notre PIB) ; ce qui fait de la France le pays de l’UE qui prélève le plus de cotisations sociales sur ses entreprises. Peu glorieux !
En somme, les divers prélèvements fiscaux et sociaux opérés sur nos entreprises (impôts, taxes et cotisations) ont représenté plus de 400 Md€ en 2015 ; sachant que les prélèvements les plus conséquents sont les cotisations sociales (247,8 Md€) et les taxes sur les facteurs de production (100 Md€) ; loin devant l’impôt sur les sociétés (57,7 Md€).